Difficile, quand on est de gauche, de penser la protection de la vie comme un objectif politique légitime. Nous avons été habitués à appeler pro-choix les mouvements de défense du droit à l'avortement, et pro-vie ceux qui s'y opposent. Y a-t-il cependant un moyen pour la gauche de se réapproprier la pensée de la vie en un sens non réactionnaire ? Avec cette question directrice en tête, Judith Butler analyse une série d'événements politiques récents, depuis le scandale des photographies des tortures d'Abou Graïb jusqu'aux attentats-suicide, en passant par les poèmes manuscrits des prisonniers de Guantanamo, censurés par le ministère américain de la Défense. Croisant perspectives psychanalytique et philosophique, elle interroge les grilles de lecture que nous imposent les médias dans leur couverture des guerres contemporaines. Elle analyse comment les sentiments que nous éprouvons, nos réactions morales face à la violence - horreur, indignation ou indifférence - sont modelés par ces cadres de perception imposés. A quelles conditions certaines vies, certains sujets peuvent-ils ou ne peuvent-ils pas être reconnus comme vivants ? De quelles vies pouvons-nous faire le deuil ? La philosophe en appelle sur cette base à une réorientation de la pensée politique - l'enjeu le plus urgent étant de mettre au coeur du projet politique la reconnaissance de la précarité radicale des vies humaines, une reconnaissance qui va de pair avec la nécessité de leur protection contre la violence de pouvoirs arbitraires.
Auteur : Butler Judith
Editeur : LA DECOUVERTE
Date de parution : 12/05/2010
Nombre de pages : 176
Dimensions : 20.5 x 14.5 x 1.5